Le mouvement de la vie, le peintre et le spectateur

La vie montre à qui veut bien regarder que tout est toujours en mouvement. Le changement est l'essence de la vie.

Il est illusoire, d'une folle illusion de prendre pour permanent ce qui est transitoire.

« L'impermanence est un principe d'harmonie. Quand nous ne luttons pas contre elle, nous sommes en harmonie avec la réalité » nous dit Pema Chödrön.

Le paradoxe apparent est que la peinture est statique. Elle est un arrêt du temps. Elle pourrait nous sembler morte comme tout ce qui ne bouge pas. Pourtant

elle est harmonie et grâce à elle nous sommes en harmonie avec la réalité.

Elle est chargée de l'énergie du peintre. L'inspiration insuffle la vie, le mouvement reçu s'imprègne dans l'image et le spectateur qui le reçoit extrait cette

vitalité contenue dans l'image.

C'est ainsi que ce qui apparaissait figé se révèle un extraordinaire mouvement. La relation peintre, spectateur, polarisée comme toute action humaine devient l'expression de l'impermanence incluse dans la peinture et lui donne tout son sens.

Jacques Trichet

 

Le paysage, la source

Le paysage est le résultat d'une longue et difficile genèse. Une alchimie au sens éthymologique du mot : "chimie de Dieu".

C'est ce paysage qui est ma source d'inspiration. Mon travail consiste à chercher le secret de cette vie marquée dans le paysage.

Donner à voir ce qui très fondamentalement l'a constitué et qui est caché dedans. Oubliant l'anecdote et la figuration précise pour essayer de retenir l'essentiel de la genèse et de cette façon se diriger vers une espèce d'universalité.

Définir les ambiances, tenter de révéler la lumière, aller à la source.

Découvrir la beauté de toutes les choses, de tous les êtres, la beauté contenue dans la vie et la partager.

Ma peinture est une proposition, je l'espère suffisament ouverte, pour que chacun y apporte son expérience, son sentiment et de cette façon s'approprie mon travail.

Jacques Trichet

 

L'eau

L'eau et ses multiples significations symboliques.

Source de vie, purification, centre de régénérescence.

L'eau comme une masse indifférenciée représente l'infinité des possibles. Elle est à la fois tout le virtuel, l'informel, le germes des germes, les promesses de développement et toutes les menaces de résorption.

Elle est libre et sans attache. Elle se laisse couler selon la pente du terrain. "Elle n'a point de contestation, elle est l'emblème de la Suprême Vérité" dit Lao-Tseu. Elle symbolise l'origine de la création. Elle est mère et matrice, source de toute chose. Elle manifeste le transcendant.

Ambivalente, elle est source de vie autant que source de mort. Ambivalente pour l'homme seulement. La vie et la mort étant deux états d'une même réalité.

Jacques Trichet

 

La lumière

La lumière peut être l'aspect final de la matière se déplaçant à une vitesse limitée. C'est la physique.

Elle peut être aussi le premier aspect du monde informel. C'est la métaphysique.

Une limite idéale et un aboutissement.

Aller vers la lumière c'est aller au-delà d'elle, au-delà de toute forme, au-delà même de toute sensation et de toute notion.

La lumière est séparée des ténèbres depuis l'origine. La lumière et la ténèbre sont l'expression de la réalité intemporelle, infinie et absolue. Le retour à l'origine

peut s'exprimer par la résolution de la dualité, la reconstitution de l'unité première. C'est le travail de l'homme.

"Suivez moi par delà les deux principes de la lumière et des ténèbres jusqu'à l'unité (...) Les hommes sages qui réalisent à fond leur nature propre savent qu'elles sont de même nature" écrit Tchouang-Tseu.

Jacques Trichet